Miss Hélène Mignot – Une artiste passionnée et passionnante
- Par prometheas
- Le 25/01/2018
- Dans RENCONTRES AVEC LES ARTISTES
Miss Hélène Mignot – Une artiste passionnée et passionnante
Ce samedi 20 janvier, je suis allé à la rencontre d’une artiste inspirée : Miss Hélène Mignot, artiste peintre plasticienne, ayant créé en 2013 l’atelier-galerie « Kaya Moon », avenue des martyrs de la Résistance à Vallauris.
La pensée de Modigliani “D’un œil observer le monde extérieur, de l’autre regarder au fond de soi-même” prend parfaitement sens en la personne d’Hélène. Artiste talentueuse et prolifique, Hélène trouve ses inspirations dans sa féminité, son érudition et ses émotions
L'interview
Fred Fontaine : Bonjour Héléne, je te remercie de m’accorder un peu de ton temps pour répondre à cette interview. Peux-tu tout d’abord te présenter en quelques mots ?
Miss Hélène Mignot : Merci d’être venu me voir. Habitant depuis 20 ans sur la Côte d’Azur, c’est à Vallauris, aux Impiniers que j’ai eu mon premier atelier, tout en exerçant son métier de juriste trilingue d’affaires, aux côtés du Sénateur Laffitte puis comme consultante auprès notamment de Thales Alénia Space et Orange. J’aurais préféré suivre une formation aux beaux-arts plutôt que des études en droit international mais mon entourage me l’a interdit… Alors j’étais artiste en parallèle de mes activités professionnelles. Des années plus tard, après une remise en question et une prise de recul sur mon métier, j’ai choisi de m’installer sur une terre d’artistes, et être en contact avec des vrais gens qui abordent l’art avec plaisir et simplicité. C’est pourquoi Vallauris correspond parfaitement à mes attentes. Je réalise de nombreuses créations sur toiles, bois ou papier, mais également à base de modelage et propose désormais divers objets d’art sur d’autres supports, tels que sculptures et bas- reliefs, ainsi que des bijoux et divers objets, célébrant toujours la femme et ses atours.
FF : Au cours de tes études ou en d’autres circonstances, quels sont les artistes, présents ou passés qui ont le plus retenu ton attention et à qui va ton admiration ?
MHM : j’aime particulièrement différents artistes comme par exemple Gustav Klimt et son disciple Egon Schiele, ce dernier ayant une expression artistique beaucoup plus angoissée, plus sombre. J’admire également Modigliani et Matisse. Ces artistes ont en commun une représentation féminine très forte, beaucoup de nus, et ils sont dotés d’une grande capacité à transmettre les émotions par leur graphisme, comme par exemple la manière dont Modigliani peint les yeux vides. J’ai vraiment une admiration particulière pour Bilal. Ses personnages sont très humains dans leur chair mais également très inquiétants, pour moi Bilal est au sommet de son art. Toujours en BD, Manara est également un artistique que j’apprécie, car, par le biais de l’érotisme, il sublime la féminité.
FF : et comment décrirais tu ton art ? Quelle est ta démarche ?
MHM : je revendique mon identité féminine comme la source et la finalité même de mes inspirations. Explorant les multiples facettes de la nature humaine en général et féminine en particulier, je me nourris de ce mélange instable du corps et de l’âme, de cette alchimie complexe où cohabitent de multiples émotions, de la résistance au don de soi, de l’indépendance à l’amour, de la force de l’esprit à l’attraction des corps… J’explore cette foule de sentiments complexes qui bousculent notre humanité: je peins avec force les joies, les émois, les peurs, les souffrances mais aussi les défis auxquels la femme est confrontée dans sa relation au reste de l’univers, comme dans le regard de l’homme ….
Au travers de fresques où les couleurs vives et le noir se côtoient et s’opposent, je revendique sans honte ce corps, cette sensualité, mais aussi cette sensibilité, cette solitude et ce courage qui font que la femme n’est pas un homme comme les autres. Je souligne ainsi d’un trait appuyé les arcanes supposés du désir, toujours liés à la femme tentatrice et à son corps diabolique, pour révéler le spectateur à un monde d’émotions, fortes et sensuelles. Tantôt martyres, tantôt soldats, tantôt amantes, tantôt défiantes, mes femmes sont autant de petites sœurs dont les sentiments, les désirs, les ambiguïtés et les souffrances illustrent le destin complexe de la femme d’aujourd’hui, qui revendique moins sa modernité que sa liberté éternellement bafouée. De l’huile, de l’acrylique, de l’aquarelle, mais également les textures et les collages, toutes les techniques s’offrent à ma créativité pour explorer toujours plus en détail les nuances des langages du corps et de la portée des mots. J’ai toujours en tête les mots d’une professeure de dessin qui me disait : « le beau n’est pas joli », je ne représente pas les choses telles qu’elles sont mais telles que mon œil d’artiste les perçoit profondément.
Je réalise également des créations à petits prix, à partir de 20 euros, des bijoux, des photophores, des vêtements customisés, des boîtes, des cadeaux de naissance… car beaucoup de personnes aiment faire ce genre de cadeaux artistiques uniques, ou se l’offrir, c’est un moyen de rendre accessible des objets artistiques à des personnes qui aiment l’art et les créations locales.
FF : pourquoi avoir donné le nom de Kaya Moon à ta galerie ?
MHM : c'est une référence à la fois à Kaya, une chanson de Bob Marley, et un nom assez universellement utilisé proche de Gaia et une référence à la lune, donc à cette complémentarité dans les astres qui caractérise aussi celle de la femme : la planète nourricière et la lune, qui est un astre féminin par excellence, qui rythme le temps et la vie sur terre et éclaire ses nuits....
Kaya, variante de « Kaia », a différentes connotations selon les cultures et les pays. Tour à tour, il peut signifier « lieu de repos », « muscade », « pierre », « saule », « enfant sage » ou « celle qui a un joli corps ». Par exemple, au Kenya, Kaya fait référence à la forêt sacrée du peuple Mijikenda. La forêt de Kaya est considérée comme une source intrinsèque de puissance rituelle et est l'origine de son identité culturelle.
FF : j’aimerais que tu me parles de ces têtes de mort que je ne perçois toutefois pas de manière négative.
MHM : Ce sont mes vanités, en références aux célèbres vanités du VIIème siècle. Ce sont des inclusions à base de moulage en plâtre que je réalise moi-même, fixées par résine et souvent dorées. Effectivement, il n’y a rien de morbide dans ces créations, ce sont des célébrations de la vie. C’est avant tout un culte de la vie, certes rappelé au travers du culte de la mort mais pour prendre conscience de son existence terrestre.
FF : et que peux-tu me dire des tableaux sur la base de collages ?
MHM : la base de la démarche est de passer du dessin à la peinture. L’une de mes influences sur le collage est Kurt Schwitters qui aura passé toute sa vie à ramasser les déchets, les rebuts de la société, pour en faire de l'art, sous de multiples formes. Je procède à des assemblages pour créer un effet de mise en exergue et de jeu avec les mots. Il y a toujours un message, plus ou moins caché. Dans celui-ci (voir photo) par exemple, il y a mon propre CV, les mots font tous référence à mon vécu et à des moments précis de ma vie.
FF : et les Miss, que nous racontent-elles ?
MHM : ce sont des moulages de plâtres collés sur toile. Pour le moment, il y a Miss Alep, Miss Marrakech et Miss Las Vegas et j’en ai d’autres en préparation. Au travers de corps de femmes, je cherche à montrer ce qu’est la féminité dans ces pays. Par exemple, Miss Alep a des couleurs très orientales, traditionnelles de la riche culture de ce pays mais j’ai également intégré différents symboles qui rappellent la guerre et la dure réalité du peuple d’Alep, et notamment des femmes particulièrement maltraitées.
Miss Marrakech Miss Alep Miss las Vegas
FF : Quels sont tes projets pour 2018 ?
MHM : appréciant tout particulièrement les actions collectives, ma galerie sera ouverte en nocturne tous les premiers jeudi du mois de Vallauris, avenue des martyrs de la Résistance. Je vais également participer avec plaisir à la prochaine exposition organisée par PROMETHEAS, à partir du 1er mars, en présentant une pièce inédite. Je suis également ouverte à toute proposition de performances en musique. Cette année, j’aimerais également explorer la céramique, initiée par Aurélia Marino Bourdon, une artiste que j’accueille en résidence pour un an. Cet accueil me permet de mettre à disposition un lien de création et pas uniquement un espace d’exposition et j’y tiens beaucoup. Je suis également en cours de création d’un site web.
F : Hélène, je te remercie pour ton accueil, mais aussi pour le temps que tu as pris pour m’expliquer si bien qui tu es et quelle est ta démarche artistique. Personnellement, je trouve que tu es une artiste passionnée et passionnante.
MHM : merci à toi
Entretien mené par Fred Fontaine dans le cadre des rencontres avec les Artistes du site www.prometheas.fr